Accéder au contenu principal

Réflexions autour d'un massacre

Question de garder une trace de mes réactions en cette semaine d'horreur, de récupérations de toutes sortes, de tristesse, de réflexions plus ou moins approfondies, de réactions épidermiques, etc. Voici quelques bouts de réflexion qui me sont venues et que j'ai partagées sur facebook et twitter.

Commençons par quelques brèves:
- Je veux vivre dans une société où on a le droit d'être épais et d'insulter tout le monde sans que sa vie soit en danger. (le jour de l'attentat)
- En 2014, 118 journalistes ont été tués à travers le monde. Solidarité!
- Si la liberté d'expression ne s'appliquait qu'aux propos nuancés et raisonnable, ce ne serait plus une liberté.
- Si l'Islam menait au terrorisme, nous serions tous morts, y compris la plupart des Musulmans!
- Condamner l'attentat ne signifie pas approuver tout ce qu'ont fait ses victimes.

Et un morceau plus consistant:
Comment combattre le terrorisme fondamentaliste? En lui coupant l'herbe sous les pieds. Autrement dit, en mettant fin aux réalités concrètes qui lui donnent des arguments et des moyens.
Donc, mon message à la "communauté internationale", nom de code pour les puissances impérialistes, dont le Canada:
1. Cessez d'envahir et de bombarder des pays du Sud disposant de ressources naturelles stratégiques, qui se trouvent à être souvent à majorité musulmane.
2. Cessez d'accorder un appui inconditionnel à Israël contre la Palestine et exigez le respect des droits humains du peuple palestinien.
3. Cessez de soutenir des monarchies et des dictatures dans les pays que nous voulons contrôler. (Ex: Égypte, Arabie Saoudite...).
Et pour nous, la population civile de ces pays dominants:
4. Dénonçons en parole, sans aucune violence, tous les propos empreints d'intolérance, d'ignorance, de mépris et de peur envers les minorités dans nos pays, lesquelles sont souvent de religion musulmane et "issues de l'immigration".
5. Barrons la route à l'extrême-droite xénophobe qui se nourrit de préjugés, de faussetés et de hargne et cherche à diviser les 99% sur des bases ethniques ou religieuses pour le bénéfice du 1%.
6. Défendons nos libertés contre le fondamentalisme, en commençant par le fondamentalisme capitaliste qui menace nos droits sociaux, nos conditions de vie, notre environnement, etc.
7. Unissons-nous pour changer le monde bien réel où nous vivons, peu importe ce que nous pensons d'un "au-delà" ou de ce qui demeure invisible.

Puis des contributions à des discussions, notamment à la suite du message précédent:

- Il n'y a pas de solution "sécuritaire" au problème du terrorisme. C'est ce qui fait sa force. Il suffit d'une personne déterminée et bien armée pour causer énormément de dommage. Le terrorisme, c'est une forme de guerre et la guerre c'est de la politique. La seule solution possible est donc politique.

- Elle est pour qui la liberté d'expression en France, quand on interdisait, il y a quelques mois, les manifestations de solidarité avec la Palestine alors que Gaza était à feu et à sang? Et que dire des lois qui répriment l'expression d'une identité religieuse ou culturelle par le biais d'un vêtement particulier? Si on a le droit de s'exprimer avec vulgarité contre les Musulmans, est-ce que les Musulmans ne devraient pas avoir le droit de simplement être visibles sans être discriminés? Que penser d'une société où on peut gagner sa vie en insultant les Musulmans mais où une personne visiblement musulmane peut difficilement gagner la sienne?

- Excuser les pratiques de Charlie Hebdo en soulignant qu'ils s'attaquaient à toutes les religions me rappelle les complaintes contre le racisme anti-blancs ou le sexisme contre les hommes. Toutes les religions ne sont pas égales en France. Attaquer les Musulmans ce n'est pas de la subversion, c'est s'en prendre à un groupe déjà marginalisé et stigmatisé
- Ça faisait des années que leur publication me puait au nez. Pleurons la tragédie, condamnons la violence, mais ne perdons pas notre esprit critique. La liberté, c'est le contraire du conformisme et de la bonne conscience facile.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le temps de se dépasser

La politique québécoise et canadienne est une île de normalité dans un monde en crise. On pourrait s’en réjouir; et il y a certainement une argumentation à développer en faveur de la normalité, de la stabilité et de la politique néolibérale ordinaire que nous servent Trudeau et Legault, chacun à sa manière. C’est mieux que la guerre en Ukraine, que la guerre civile au Soudan, que le psychodrame aux rebondissements choquants trop nombreux même pour un scénario hollywoodien, à quelques degrés de latitude au sud. Mais la réalité est que ce petit train tranquille est un désastre du Lac Mégantic au ralenti.  Le capitalisme fossile a ruiné une partie de notre été, avec le smog intense résultant de feux de forêt sans précédent. Les inondations de 2017 et 2019 étaient aussi des symptômes du dérèglement climatique. Et ce n’est que le début. On pourrait se dire qu’il est trop tard et qu’il ne reste qu’à profiter de la vie et du temps qui nous reste. Xavier Dolan n’est pas complètement irrationne

Solidaires contre la loi 21

Le 7 février, le ministre Jean-François Roberge a annoncé que son gouvernement va déposer un projet de loi en vue de prolonger d’une autre période de cinq ans la clause dérogatoire qui protège la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21) des contestations judiciaires. Plus spécifiquement, il s’agit de la clause concernant la charte canadienne, celle qui vise la charte québécoise n’ayant pas besoin d’être renouvelée périodiquement.  En faisant cette annonce, le ministre affirme vouloir “préserver la paix sociale”. Autrement dit, il invite les personnes qui ont perdu des droits il y a bientôt cinq ans avec l’adoption de cette loi à accepter d’être des citoyennes et des citoyens de seconde zone pour faire plaisir aux gens qui veulent préserver leur droit à exercer une forme de discrimination contre les minorité religieuses visibles. Rappelons que la loi interdit aux personnes qui portent des signes d’appartenance religieuse de pratiquer un bon nombre de professions (enseignante, gardienne de

Les contradictions de Québec solidaire

Depuis le début, le projet politique de Québec solidaire repose délibérément sur certaines ambiguïtés afin de permettre un rassemblement large de la gauche, au-delà des différentes perspectives stratégiques qui la traversent. Nous avons décidé en 2006 de fonder un parti et de participer aux élections. Est-ce à dire que nous croyons qu’il suffit de gagner une élection générale ou deux pour réaliser notre programme? Certaines personnes le croient peut-être. D’autres sont convaincues que sans une mobilisation sociale sans précédent et un effort constant de vigilance à l’interne contre les tendances centralisatrices, Québec solidaire connaîtra le même sort que bien d’autres partis de gauche une fois au pouvoir et décevra amèrement la plupart de ses partisans. D’autres encore pensent qu’il est déjà trop tard et que QS est un parti social-démocrate comme les autres.  Depuis le début aussi, QS fait face à des pressions énormes de la part des institutions en place (parlement, média, système éc