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Articles

Affichage des articles du 2013

Inclure, de Jean Dorion[i]: Pour un Québec libre… de l’islamophobie!

Jean Dorion a un cheminement unique qui donne une portée significative à sa critique forte du projet de Charte du gouvernement Marois. Il a été attaché politique des Ministres de l’Immigration Jacques Couture et Gérald Godin, ce qui l’a placé en première ligne dans l’invention de l’approche interculturelle par des gouvernements péquistes. Président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) pendant plusieurs années, il a joué un rôle clé dans les mobilisations en défense de la loi 101. Il a aussi été délégué du Québec à Tokyo et député du Bloc Québécois. Il est un des auteurs de la Déclaration des indépendantistes pour une laïcité inclusive qui a été signée notamment par Maria Mourani, Yves Beauchemin et Jocelyn Desjardins (fondateur du NMQ). [ii] Son livre intitulé Inclure : Quelle laïcité pour le Québec , se situe dans le prolongement de plusieurs interventions publiques de l’auteur dans ce débat, depuis la Commission Bouchard-Taylor. On pourrait résumer sa pensé

La prohibition des signes religieux, contre la laïcité

Les partisans de la prohibition des signes religieux pour les travailleuses et travailleurs du secteur public évoquent fréquemment le cas de la France où cette mesure est en place depuis des lustres afin de justifier ce qu’on considère comme une sorte de rattrapage. La France serait un modèle de laïcité à suivre, tandis que le Québec, avec son laisser-aller pluraliste d’inspiration anglaise tarderait à compléter la laïcisation de ses institutions. J’avance qu’au contraire le modèle québécois, fondé sur l’acceptation de la diversité religieuse y compris dans ses manifestations vestimentaires, constitue la voie de l’avenir, tandis que le courant de pensée dominant en France s’accroche à un passé révolu et ce faisant dénature la notion même de laïcité. Aux origines révolutionnaires de la laïcité Dans la France d’Ancien régime, les privilèges de l’aristocratie et ceux du clergé allaient de pair, dans un système légal profondément inégalitaire. La monarchie absolue était fondée sur

Réflexion autour de « L’interculturalisme : un point de vue Québécois » de Gérard Bouchard

Dans un ouvrage impressionnant par son érudition et son ampleur [i], Gérard Bouchard, professeur à  l’UQAC et co-président avec Charles Taylor de la célèbre commission, développe et défend les idées de l’interculturalisme, la conception de l’intégration citoyenne adoptée - mais pas toujours clairement définie - par l’État québécois. Dans le contexte du débat sur la Charte des valeurs, cette contribution tombe à point et devrait permettre de clarifier les différentes options en jeu, pendant que bien des commentateurs s’adonnent à la diffusion de demi-vérités, aux raccourcis commodes et à une guérilla idéologique qui sème la confusion. Voici mon interprétation personnelle de la thèse qui y est défendue. Trois options à rejeter L’enjeu de l’intégration citoyenne - un ensemble de politique visant à créer une société où les différents se règles pacifiquement et à laquelle l’ensemble de la population peut s’identifier par divers repères culturels et axiologiques (relatifs aux vale

Islamophobie et impérialisme

(Je reproduis ici un article qui avait été publié dans la revue À Bâbord, no 13, février-mars 2006. Ça fait donc plus de sept ans que j'interviens sur cette question. Le texte présente des arguments qui me semblent toujours essentiels pour se situer, à gauche, dans ces débats.) Depuis le début du colonialisme européen, l’orientalisme, ou la caricature des sociétés de civilisation musulmane, a été une pièce centrale de l’idéologie des conquérants. Les « Orientaux » étaient présentés comme vivant dans des sociétés figées, d’un autre âge, et incapables de « progrès » par leurs propres moyens. Ce qui n’a pas empêché les Britanniques de s’allier aux monarques et aux aristocrates pour contrer la montée des forces sociales qui auraient pu donner naissance à des concurrents capitalistes, en Inde et en Égypte, notamment [ 1 ]. Durant la longue période de conflits inter impérialistes de la Première guerre mondiale jusqu’à la fin de la Guerre froide, l’Orient est devenu un terrain parmi

Choisir entre deux Québec

« La liberté que je réclame pour moi, pour tous mes compatriotes, pour tous ceux qui pensent comme eux, je la laisse à tous ceux qui pensent autrement. » Louis-Joseph Papineau, discours électoral, 13 septembre 1827. Plusieurs ministres du gouvernement Marois ont évoqué la bataille pour l’adoption de la Charte de la langue française (loi 101) comme inspiration pour leur nouvelle bataille, cette fois en faveur de la prohibition des signes d’appartenance religieuse dans le secteur public. Si une bataille ressemble toujours à une autre bataille, le contenu de ces deux confrontations est bien différent. Dans le cas de la loi 101, il s’agissait de lutter pour une vision inclusive de la nation québécoise, pour l’intégration de jeunes de toutes origines dans nos écoles publiques, avec comme facteurs d’unité la langue commune et un même programme scolaire. Maintenant, au contraire, le PQ au pouvoir s’apprête à fermer la porte au nez de femmes musulmanes, d’hommes sikhs, et d’autres me

Le gouvernement Marois, la laïcité identitaire et les « valeurs québécoises »

Le Ministre Bernard Drainville a annoncé le 22 mai que le projet de Charte de la laïcité , une promesse électorale de son parti, allait se transformer en Charte des valeurs québécoises et faire l’objet d’un projet de loi cet automne. Quel est le sens de ce tournant dans la rhétorique gouvernementale? Comment la gauche devrait-elle y réagir? Cette nouvelle manœuvre, visant à élargir le front (identitaire) dans l’espoir de gagner du terrain (électoral) est complexe et risquée. À nous d’en tirer avantage pour faire une percée en faveur du pluralisme et des droits de la personne, et en finir une fois pour toutes avec le projet au mieux inutile et potentiellement liberticide de Charte de la laïcité en réaffirmant des « valeurs québécoises » comme le respect de la différence, la convergence interculturelle et la solidarité contre la discrimination et l’oppression. Comme l’a bien démontré le rapport de la Commission Bouchard-Taylor, il n’y a pas de crise au Québec dans les rapports

Mettre un pays au monde - Arguments internationalistes pour l’indépendance

Après l'effondrement du Bloc québécois et le retour au pouvoir du Parti québécois, après la campagne insistante  des péquistes et de leurs alliés en faveur du vote dit stratégique, avec le développement de Québec solidaire et la création d'Option nationale, et maintenant l’appel à une grande convergence souverainiste par le Nouveau Mouvement pour le Québec, une réévaluation des questions stratégiques autour de l'indépendance est certainement à l'ordre du jour. Dans un premier texte [i] , nous avons abordé la question de la mutation de la souveraineté pour le Parti québécois et le Bloc québécois, devenue un simple marqueur identitaire, un crie de ralliement sans stratégie et sans contenu. Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de renouveler les arguments en faveur de l’indépendance, notamment en revenant aux sources anticoloniales du mouvement indépendantiste moderne, celui qui s’était développé dans les années 1960 et que le PQ a dévoyé vers un projet de ré