Accéder au contenu principal

Peter Gabriel

Je suis allé voir Peter Gabriel en concert à Toronto le 22 juin. C'était sans doute l'expérience musicale la plus intense de ma vie. J'en suis sorti complètement bouleversé, comme si j'avais fait une thérapie collective avec les 10,000 personnes présentes. Sa voix, à 61 ans, était sans failles et vibrante d'émotion. Les arrangements pour l'orchestre symphonique de 50 musiciens étaient brillants. Les aspects visuels (projections, lumières) étaient impécables et originaux, comme toujours.

Depuis, je redécouvre l'oeuvre de ce grand artiste: j'ai visité son site Internet, je me suis abonné à ses tweets, etc. Ça fait plus de vingt ans que je n'ai pas prêté attention au travail de mon chanteur et auteur-compositeur préféré. J'ai l'impression d'avoir laissé tomber un ami. Alors je me rattrape. J'ai acheté trois albums que je n'avais pas encore: US, UP et Scratch my back. Je vais prendre le temps de les écouter un à la fois, attentivement.

Cette semaine, je me suis consacré à US, un album paru en 1992 et dont je ne connaissait, superficiellement, que les hits (Steam, Diging in the dirt, Kiss that frog). C'est un album remarquable, plein d'émotion, original, intime. Ma théorie pour expliquer pourquoi j'ai décroché de Gabriel dans cette période est que je n'avais pas la maturité nécessaire, à 26-27 ans, pour bien saisir ce dont il parlait quand il en avait 42. Je vais avoir 45 ans dans quelques jours, alors maintenant, je comnprends. Dans la quarantaine, on commence à comprendre combien les rapports qu'on a avec les autres (notre famille, nos amours, nos amis) peuvent être précieux et plus complexes qu'il n'y parait.

La semaine prochaine, je vais embarquer dans UP, sorti quelques années plus tard. On y reviendra. Quand à Scratch my back, c'est son album d'interprétations. Il a fait une série d'échanges de chansons avec d'autres artistes, dont Paul Simon, David Bowie, Randy Newman et Arcade Fire. Plusieurs de ces pièces étaient dans le sepectacle du 22 juin. Sa version de The Boy in the Bubble de Simon est totalement inattendue! Il admettait lui-même au spectacle avoir enlevé à cette pièce toute l'énegie africaine de la version originale, pour ne laisser qu'une chanson triste d'homme blanc... Il prévoit sortir un autre album (I'll scratch yours) avec des interprétations de ses propres chansons par les mêmes artistes. Ça promet!

Gabriel ne fait jamais rien comme les autres et cherche toujours de nouvelles sources d'inspiration et de nouvelles influences. C'est ce qui lui permet de se renouveler constamment et de ne jamais tomber dans la facilité. Il est aussi engagé dans toutes sortes de causes sociales et politiques, avec une orientations que je qualifierait de libérale au sens philosophique du terme, mais clairement dans le camp progressiste. À la fin de la première partie du spectacle, il a présenté la chanson Biko - écrite pour un militant sud-africain tué par la police en 1977 - en parlant du printemps arabe et des révolutions démocratiques du début de 2011. À la fin de la chanson, toute la foule était debout, poings levés, chantant en choeur. Un grand moment de fusion entre le monde du spectacle et l'action politique.

Merci Peter, je ne te laisserai plus tomber!

Visitez www.petergabriel.com pour découvrir l'univers de cet artiste unique.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le temps de se dépasser

La politique québécoise et canadienne est une île de normalité dans un monde en crise. On pourrait s’en réjouir; et il y a certainement une argumentation à développer en faveur de la normalité, de la stabilité et de la politique néolibérale ordinaire que nous servent Trudeau et Legault, chacun à sa manière. C’est mieux que la guerre en Ukraine, que la guerre civile au Soudan, que le psychodrame aux rebondissements choquants trop nombreux même pour un scénario hollywoodien, à quelques degrés de latitude au sud. Mais la réalité est que ce petit train tranquille est un désastre du Lac Mégantic au ralenti.  Le capitalisme fossile a ruiné une partie de notre été, avec le smog intense résultant de feux de forêt sans précédent. Les inondations de 2017 et 2019 étaient aussi des symptômes du dérèglement climatique. Et ce n’est que le début. On pourrait se dire qu’il est trop tard et qu’il ne reste qu’à profiter de la vie et du temps qui nous reste. Xavier Dolan n’est pas complètement irrationne

Solidaires contre la loi 21

Le 7 février, le ministre Jean-François Roberge a annoncé que son gouvernement va déposer un projet de loi en vue de prolonger d’une autre période de cinq ans la clause dérogatoire qui protège la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21) des contestations judiciaires. Plus spécifiquement, il s’agit de la clause concernant la charte canadienne, celle qui vise la charte québécoise n’ayant pas besoin d’être renouvelée périodiquement.  En faisant cette annonce, le ministre affirme vouloir “préserver la paix sociale”. Autrement dit, il invite les personnes qui ont perdu des droits il y a bientôt cinq ans avec l’adoption de cette loi à accepter d’être des citoyennes et des citoyens de seconde zone pour faire plaisir aux gens qui veulent préserver leur droit à exercer une forme de discrimination contre les minorité religieuses visibles. Rappelons que la loi interdit aux personnes qui portent des signes d’appartenance religieuse de pratiquer un bon nombre de professions (enseignante, gardienne de

Les contradictions de Québec solidaire

Depuis le début, le projet politique de Québec solidaire repose délibérément sur certaines ambiguïtés afin de permettre un rassemblement large de la gauche, au-delà des différentes perspectives stratégiques qui la traversent. Nous avons décidé en 2006 de fonder un parti et de participer aux élections. Est-ce à dire que nous croyons qu’il suffit de gagner une élection générale ou deux pour réaliser notre programme? Certaines personnes le croient peut-être. D’autres sont convaincues que sans une mobilisation sociale sans précédent et un effort constant de vigilance à l’interne contre les tendances centralisatrices, Québec solidaire connaîtra le même sort que bien d’autres partis de gauche une fois au pouvoir et décevra amèrement la plupart de ses partisans. D’autres encore pensent qu’il est déjà trop tard et que QS est un parti social-démocrate comme les autres.  Depuis le début aussi, QS fait face à des pressions énormes de la part des institutions en place (parlement, média, système éc